J'attendrai.....[Terminée]

Je dédie cette fic à mes deux grandes sœurs : Sabrina et Marjorie.

Un enfant riait. Son rire cascadait sur la brise de printemps pour aller conter sa joie aux sapins. Il galopait fièrement sur son beau cheval blanc. Ses cheveux couleur or le faisait ressembler à l’un de ces petits chérubins qui ornaient les plafonds du Palais de Versailles. Ah Versailles….Comme il aimerait y retourner un jour, revoir la belle roseraie, le bosquet de Vénus et le petit Trianon qu’il aimait tant…Mais pour l’instant, il ne le pouvait pas. Cependant, le palais était la dernière chose à laquelle ce jeune garçon pensait. Derrière lui, un autre jeune homme se tenait, gardant fermement les rênes dans ses mains. Il était déjà adulte, mais ses cheveux étaient aussi blonds que celui de l’enfant, quoique un peu plus longs. Si l’on observait ses yeux, d’une couleur si pure que même le bleu d’un saphir ne pouvait dépasser, ses traits fins, réguliers et sa peau d’une blancheur irréelle, plus aucun doute ne se faisait : c’était une femme. Mais cela, il fallait le deviner. Car elle portait un splendide uniforme bleu nuit brodé d’or, celui des gardes françaises. L’enfant était vêtu d’une tenue soignée, composée d’un pantalon, d’une chemise et d’un gilet. Il riait, montrant son bonheur à galoper auprès d’elle.

-Haha ! Plus vite Oscar ! Plus vite ! Au triple galop !

-Votre altesse ne craint pas de tomber ?

-Oh non !

Oscar sourit. Il était si rare de voir le petit dauphin rire. Depuis quelques temps, sa maladie ne lui laissait plus de répit, elle avait même empirée. La Reine l’avait dit : il ne lui restait plus longtemps à vivre. A la demande de Louis-Joseph, elle lança son cheval au galop à travers les grandes plaines bordées d’arbres. Le dauphin riait tant il était heureux. Son regard s’emplissait des couleurs, des décors qu’il voyait.

-Oh Oscar, j’aimerai tant que cette promenade dure toute la vie ! Je suis si fatigué….si fatigué….

Il se sentit soudain affaibli, n’étant plus habitué à sortir de sa chambre. Il posa doucement sa main et sa tête sur le bras de la jeune femme en fermant les yeux. Oscar ramena doucement son cheval au pas pour le diriger ensuite vers un lac tout proche. Elle le prit dans ses bras et descendit de cheval pour aller l’allonger à l’ombre d’un chêne. Elle s’avança vers le lac et sortit son mouchoir avant de le tremper dans l’eau. La jeune femme revint près du jeune prince et passa doucement le tissu humide sur son visage pour le réveiller.

-Monseigneur ? Vous m’entendez ?

Une voix se fit entendre. Une voix très douce. Une caresse. Louis-Joseph ouvrit doucement les yeux. Son regard fut aussitôt ébloui par la vision céleste d’un ange aux cheveux blonds penché au-dessus de lui. Ses yeux étaient plongés dans ceux si profonds de cette enchanteresse. Il sentit sa main caresser doucement sa joue.

-Comment vous sentez-vous monseigneur ?

Un ange. Cette voix était celle d’un ange. Il la regarda encore quelques secondes avant de se relever un peu.

-Oscar….est-ce vrai que des états généraux vont s’ouvrir en mai ?

-Oui monseigneur.

-Alors je devrais retourner à Versailles. C’est mon devoir de futur roi, je dois connaître mon peuple. Et je leur dirai qu’il faut qu’ils s’entraident au lieu de se détruire.

Oscar regarda mélancoliquement l’enfant, maudissant le ciel de le faire tant souffrir alors qu’il aimait tant les autres, pensant plus à leur bonheur qu’au sien.

-Oui votre altesse…Un jour vous serez un grand roi et vos sujets vous aimeront…..

Leurs regards s’accrochèrent pour ne plus se quitter. Quelques secondes passèrent, et le petit dauphin se redressa et passa fermement ses bras autour du cou du bel ange blond avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

Oscar n’avait pu bouger, trop surprise par le geste du jeune garçon. Elle le regarda, incapable de parler. Elle vit soudain de fines larmes perler à ses yeux.

-Je……Je vous aime Oscar….

La jeune femme en resta encore surprise. Le dauphin l‘aimait ? Comment cela fut-il possible ? Plus elle le regardait, plus elle croyait en ses paroles. Ce triste sourire….Ces yeux brillants de larmes qu’il ne voulait pas laisser couler…..Cela ne pouvait être que vrai.

-Je sais que je ne suis encore qu’un enfant…Mais vous verrez un jour je ne serais plus malade…je deviendrais un jeune homme grand et fort….alors attendez-moi Oscar……s’il vous plaît…….attendez-moi…..

Des larmes perlèrent aux yeux d’Oscar, cette déclaration était si sincère que son cœur, si froid d’ordinaire, en avait été touché. Elle caressa doucement la joue du dauphin de sa main et s’approcha pour poser ses lèvres sur les siennes. Leurs yeux se fermèrent, ils restèrent ainsi….C’était un baiser chaste, pur et innocent. C’était leur premier baiser. C’était la première fois qu’une personne touchait leurs lèvres d’ange des siennes. C’était un instant magique, un de ces instants qu’on voudrait pouvoir attraper et garder précieusement, mais qui s’enfuit toujours, tel un papillon de cristal volant sur le vent du temps.
Ils se reculèrent doucement, laissant leur regard se faire enveloppé par celui de l’autre. Oscar se sentait bien ainsi, il lui semblait que cet aveu et ce baiser du petit dauphin l’avait purifiée, son cœur, son âme semblaient être guéris de leurs tourments.
Louis-Joseph n’avait jamais été aussi heureux, il avait embrassé celle qu’il aimait, cette belle colonelle aux yeux profonds et aux cheveux d’or, dansant au gré du vent. Il se sentait au paradis, ce paysage ressemblait à l’Eden et cette jeune femme était une nymphe vivant dans ce monde. Oscar s’assit, le dos appuyé contre le tronc du chêne. Le jeune prince s’appuya contre elle, sa main posée sur son bras. Il ferma les yeux et Oscar fit de même, profitant de ce bonheur simple qui leur était offert. La brise courait raconter aux arbres, cette histoire merveilleuse, impatiente d’en connaître la fin. Un sourire se dessina sur le visage du petit Prince, car un murmure venait de lui être porté par le souffle du vent si doux.

-Je vous attendrai monseigneur……J’attendrai….


FIN